Librairie Pierre Saunier

Les CopainsLes Copains Les CopainsLes Copains Les CopainsLes Copains Les CopainsLes Copains Les CopainsLes Copains

Romains (Jules).
Les Copains.

Paris, Eugène Figuière & Cie, 1913 ; in-12, demi-vélin marbré, plat de papier à la cuve en camaïeu de beige, dos à faux nerfs titré en noir, gardes de papier à la cuve en camaïeu azur, tête or, témoins et couverture conservés (reliure d'époque). 251 pp., table & A.I.

3 500 €

Édition originale.

Un des 10 exemplaires numérotés sur Hollande, seul tirage de tête avec 2 Japon.

Envoi a. s. : à Georges Duhamel / son vieux frère / Jules Romains

Provenance ô combien cardinale, Georges Duhamel passant pour incarner Huchon, l’un des copains des Copains.

A ses débuts, Jules Romains fut très proche des poètes, écrivains, musiciens et peintres de l’Abbaye de Créteil, un phalanstère d’artistes crée en 1906 par Georges Duhamel et Charles Vildrac (Lesueur dans Les Copains) où se joignirent Arcos, Barzun, Doyen, Durtain, Gleizes, Mercereau, etc. L’Abbaye ayant sa propre maison d’édition, Jules Romains, sans appartenir à leur communauté mais partageant souvent leur intimité – vieux frère n’est pas un euphémisme – leur donna par solidarité à imprimer La Vie unanime en 1908 (ce qui ne fit pas pour autant de l’Abbaye un groupement unanimiste…).

Dans ce roman canular-anarchiste – illustration burlesque de l’unanimisme – sept copains sèment une invraisemblable pagaille à Ambert et Issoire (deux bourgades du Puy-de Dôme prétendument choisies au hasard, avec l’assentiment d’un spirite) en s'attaquant à tous les fondements de la morale et de la société : un faux ministre, son cabinet et son attaché militaire, débarquent de nuit dans les casernes d’Ambert pour déclencher des manœuvres audacieuses, fusillades à l’appui, dans la bourgade endormie ; un prétendu envoyé du Pape Pie X (Bénin, alias Jules Romains) usurpe la chaire dominicale et admoneste les fidèles d’une virulente homélie sur la volupté et le plaisir charnel, la statue de Vercingétorix de la place Sainte-Ursule d’Issoire s’anime et braille des injures à la populace médusée, etc. Après quoi, les copains s’en vont festoyer de sangliers et de cervoise tiède dans la profondeur étoilée d’une forêt cévenole – parodie facétieuse de la Cène qui célèbre ici la puissance créatrice et la puissance destructrice qui s’équilibrent et se complètent, les individualités fondues en une seule, l’Acte Pur, l’amitié et la liberté … « Il prit sa coupe, avala une gorgée. Il regarda ; il essaya de distinguer des formes et des hommes. Mais tout lui était lointain et sublime. Toute chose, au lieu d’être elle-même, lui devenait un signe et comme la trace d’une complicité surnaturelle. Jusqu’au contour de sa coupe, jusqu'au scintillement du vin dans sa coupe ! Il savait ce que tout cela voulait dire. Il l’aurait dit. »

Le 7 novembre 1946, à la demande du Général de Gaulle, Georges Duhamel accueillait dans le rang son vieux frère à l’Académie française.

En 1965 le roman fut un brin édulcoré au cinéma par Yves Robert (Noiret, Mondy, Rich, Lonsdale, Balutin, Bedos, Piéplu et Marin). Hymne à l’amitié, Georges Brassens en écrivit la chanson, l'une de ses plus célèbres aujourd'hui, les Copains d'abord...

Bel exemplaire, fort rare sur grand papier, dans une association unanimiste mirifique.